Octobre 2006
J'ai profité de la semaine de vacances du 1er octobre, accordée en Chine en souvenir de la prise de pouvoir des communistes sur le pays, pour retourner à Taiwan, quatre ans après mon séjour en échange.
Voici quelques brèves réflexions, après ces quelques jours à Taipei, durant lesquels j'ai pu revoir les lieux et certains des gens qui m'étaient chers...
Bien sûr, j'ai été nostalgiquement heureux de revenir sur mes propres traces et de me rappeler mes souvenirs de l'époque. Mais globalement, j'ai été déçu et triste pour Taiwan.
Lors de mon année à Taipei, j'avais été marqué par le dynamisme de la société taiwanaise, par son ambition, et par sa fierté "nationale" par opposition à la Chine continentale, communiste.
Quatre ans après, en arrivant de Chine continentale, dont on peut observer la modernisation et le développement jour après jour, ça m'a fait mal de voir qu'à Taiwan, rien n'avait changé. Ou plutôt presque rien. L'état économique et social de l'île a comme été figé, pas de progrès marquant en quatre ans. Et paradoxalement, les mentalités ont évolué...vers la déprime. Les Taiwanais ont compris qu'ils avaient perdu.
Je ne sais pas si je n'ai ressenti ça qu'à cause du contraste avec la Chine, ou si j'aurais eu le même sentiment si j'étais arrivé directement de France, mais j'ai cru voir partout dans Taipei des signes de résignation, d'acceptation du destin. J'ai trouvé Taiwan plus triste, moins dynamique qu'auparavant. Les personnes avec lesquelles j'ai discuté affichaient moins la position anti-Chine continentale qui prévalait quelques années plus tôt... au contraire même, alors que la question avant semblait être : "Comment leur faire comprendre qu'on ne veut pas former un seul pays avec eux ?", la question semble désormais être : "Comment s'en sortir au mieux si la réunification doit arriver un jour ?"
Alors que même économiquement et militairement, elle se fait dépasser par la Chine de l'autre rive, Taiwan s'enfonce aujourd'hui dans des querelles internes qui l'empêchent de faire face politiquement (le moment où je suis retourné sur l'île correspondait justement avec une grande vague de manifestations d'opposants au président en place, Chen Shuibien, du parti indépendantiste, impliqué dans plusieurs scandales politico-financiers).
Bref... après un mois en Chine et une semaine de retour à Taipei... j'ai finalement moi aussi perdu mon optimisme pour l'île... et j'ai été moi aussi gagné par la résignation. Pauvre Taiwan.